jeudi 17 juin 2010

Les paroles s’envolent, d’accord, mais les écrits eux?

lascaux[1]

Lascaux. Voilà 15,000 ans, des êtres humains ont fait des dessins sur les murs d’une grotte. Qu’ils soient sacrés, rituels, ou simplement une histoire de chasse racontée pour les générations, ces traces laissés ont su survivre aux épreuves du temps. Un trésor pour l’humanité.

Graffiti_tags_2[1]

Par comparaison, d’autres écrits sur d’autres murs n’ont pas acquis la même notoriété ou le même engouement pour leur protection. Les graffitis sur les murs de toilettes ont habituellement une durée de vie, ma foi, bien inférieure et nul ne formera de groupe de pression pour leur survie.

 

La frontière entre ce qu’on appelle la préhistoire et l’histoire est l’apparition du document écrit. Avant l’écrit, nous étions dans le domaine de la transmission orale et de la mémoire. Avant l’écrit, les archéologues ne peuvent que deviner, conjecturer, spéculer sur le sens de tel ou tel traces de l’activité humaine.

D’abord un geste artisanal, la propagation et la reproduction pour la postérité était “fait main”. Au sens littéral, “un travail de moines”.  Les traces écrites se sont mécanisées avec Gutenberg puis Xerox.

A l’ère de l’internet, les écrits ont perdu leurs caractères physiques et n’ont pour ainsi dire presque plus besoin de support pour se propager. Mais en même temps ceux-ci perdent l’une des caractéristiques de persistance qui donneront aux archéologues du futur bien des maux de têtes pour interpréter les années où nous vivons.

Parce qu’il faut bien se rendre compte qu’il n’existe pas vraiment un ministère de la postérité au gouvernement. Le poste budgétaire “fabrication d’artéfact historique” n’est pas toujours présent non plus dans le privé. C’est un peu, beaucoup, le hasard qui se charge de ce boulot.

Auparavant, ne rien faire était suffisant pour laisser des traces. Un note dans un calepin oublié dans un coin peu survivre des années avant sa redécouverte. Même un graffiti amoureux laissera une cicatrice que les petits enfants derrière la maison de leurs grand-parents.

Graffiti amoureux sur arbres de quai parisien

Il y a peu, visitant les blogs que j’ai habitude de fréquenter, je suis tombé sur une page qui m’a interpellé.

BlogIntrouvable

Disparu! Zap! Niet! Déménagé après avoir appliqué la politique de la terre brulé…

On m’a dit qu’un blog est un peu comme un graffiti. Simple expression de l’idée d’un moment. Que le moment passé, il perdait de son sens.

Je ne suis pas d’accord.

Un blog, dont le nom origine de “web log”, est un journal. La raison d’être d’un journal est justement de montrer l’évolution dans le temps d’une pensée. Chronique, chronos, temps… Un peu comme les Essais de Montaigne ou bien le journal d’Anne Frank.

Un à un, les articles d’un blog n’ont souvent pas de grande valeur. C’est comme l’histoire d’un groupe d’aveugles qui à tâtons cherchent à décrire ce qu’ils ont découvert. C’est un serpent, dit-l’un. Non, c’est un arbre. Bien voyons donc c’est un mur!

aveugle_elephant[1]

Quiconque prend du recul verra (s’il n’est pas aveugle!) une réalité qui dépasse l’énumération des détails. Ainsi, jour après jour, les blogs dépeignent un portrait de la société en général et un portrait d’un individu en particulier. C’est le parcours d’une vie, de ses découvertes, ses contradictions, qui en fait l’intérêt de lecture.

Quand donc des écrits ont un intérêt historique alors? C’est un peu un sorte de question piège. C’est un peu comme demander à partir de combien de grains de sable est-ce qu’on peut appeler ces grains là un tas.

2 grains? 10 grains? 100 grains de sables? Qui sait?

Ne dit-on pas quelque fois, en plein milieu d’un match de hockey, qu’on vient d’assister à une page d’histoire? Et ce moins d’une minute après l’événement… malgré qu’un an après on ne s’en soucie plus? Alors qu’un simple texte gravé comme la pierre de Rosette découverte en 1799 en Égypte a été la clé pour finalement déchiffrer les hiéroglyphes en 1822. Ce décret aurait été écrit sur du papyrus qu’on se perdrait peut-être encore en conjecture sur l’histoire de l’Égypte…

Parce que la conservation des écrits, c’est bien là le problème à l’ère des bits et des blips numériques. Oh, bien sûr il y a plein de logiciels de sauvegarde sur le marché. (Vous, quand avec vous fait un backup de votre disque dur?) Mais ça, ça ne conserve que l’intégrité du présent ça. Pas l’historique des changements.

Les blogs, les courriels, c’est éphémère. Ça ne vaut peut-être pas les écrits des Pères de l’Église. Mais pourra-t-on écrire sur l’histoire de l’intimité des temps contemporains comme ceux qui ont écrit La famille dans son intimité: échanges épistolaires au sein de l'élite canadienne du XVIIIe siècle?

J’ai bien peur que les archéologues du futur est bien de la misère à trouver du matériel pour leurs recherches… sinon les prospectus du ministère de la propagande…

mardi 1 juin 2010

Réveille le vrai mâle en toi!

Non mais il s’en dit tu des niaiseries rien qu’un peu?

Un rapide coup d’œil au journal aujourd’hui… Un grand titre ridicule

Il y a plus d’accidents sur la route impliquant des chevreuils et des voitures parce qu’il y a plus de mères célibataires.

Wow! Par quel tournure de pensée, monsieur l’honorable sénateur Boisvenu, êtes-vous venu à cette conclusion?

Wow!

Plus de mères célibataires qui élèvent des fils qui, privés de la présence du père, ne sont pas initié à la noble tradition de la chasse. Et les quelques rares qui aurait le goût d’aller à la chasse voient leurs ardeurs refroidi par cette loi C-391 qui oblige à enregistrer les armes à feux. Ce qui cause une prolifération hors contrôle dans la population de chevreuils.

Wow!

Les chasseurs sont une espèce en voie d’extinction!! Vite! Détournez les budgets consacrés pour former les médecins et formez des chasseurs au plus vite! On n’aura plus besoin de ces médecins-là de toutes façons puisqu’on va éliminer près de 6000 collisions par année.

chasseur

Et puis après? Avec autant de jeunes avec des armes (non enregistrés) dans les mains que va-t-il se passer, monsieur le sénateur? Quand il n’y aura plus de gibier à tirer, plus de cannette sur des clôtures à faire giguer? Ne va-t-on pas remplir les prisons avec ces nouveaux “jeunes contrevenants” en devenir?

Des traditions de chasseurs à sauvegarder? Bien voyons! On n’est plus des chasseurs-cueilleurs. On est à l’ère de l’internet, monsieur.

Hurgh! Moi vouloir viande! Moi vouloir viande! Moi taper sur tête chevreuil et moi manger viande!

J’ai l’impression qu’à force de vouloir des couilles de la grosseur de pamplemousse il y en a qui privent leur cerveau d’un apport de sang qui aurait été nécessaire pour une saine réflexion…

 

1970_cro_magnon