mardi 19 octobre 2010

Moi y’en a vouloir aussi des sous

ou “J’ai payé pour alors j’en fais ce que je veux!”

emission28.100857.287x161[1] Hier j’écoutais l’émission M. Net à Musique Plus. Un intéressant débat sur la problématique des gros commerçants comme Futureshop qui se sont lancé dans la revente de jeux usagés. Les compagnies de créateurs de jeux n’aiment pas qu’on fasse de l’argent en vendant deux, trois, quatre fois le même jeux sans qu’ils aient leur part. Après tout, eux n’ont eu qu’une seule fois les revenus lors de la vente au distributeur.

“Pourtant, les livres ont souvent de multiples propriétaires sans que les maisons d’éditions en profitent eux-même”, disait l’un des débateurs.

Il aurait raison si ce n’était de sa compréhension des modèles de génération de revenus adoptés pour les logiciels.

L’industrie du logiciel a un modèle de génération de revenus très différent de la plupart des autres biens et services.

Par exemple, un artisan fabrique un balai. Il vend le 12$. Vous le payez et partez avec le balai. Vous devenez le propriétaire du balai. C’est simple. Peu importe que vous l’utilisiez une seule fois, le découpiez en petits morceaux, allumiez le foyer avec, c’est votre balai. Vous pouvez le revendre au voisin, le louer, l’utiliser en entreprise, vous faire payer pour utiliser votre balai. Ça c’est le modèle pour les objets physiques.

Les logiciels ça c’est intangible. Ce ne sont pas ces règles là qui sont utilisé.

voiture-ecolo[1] Vous achetez une voiture. Ça aussi c’est physique. Donc vous le payez, vous pouvez en faire ce que vous voulez… sauf une seule chose: rouler sur la voie publique. En effet, pour ce faire vous devez obtenir un droit de circulation, sous la forme d’une plaque d’immatriculation, payable chaque année. Le conducteur doit également posséder un permis de compétence pour le conduire, aussi payable chaque année. C’est plus compliqué mais c’est quand même compris pas la plupart des gens.

Vous achetez un disque de musique. En plus du support physique, le CD en lui même, vous obtenez un élément intangible: le droit d’exécution privée, c’est à dire le droit de le faire jouer privément. On voit donc déjà que l’utilisation en plus restreint. Si vous voulez faire un party et le faire jouer?  L’utiliser comme fond sonore d’une vidéo sur YouTube? Aha! Il vous faudra payer les droits d’exécution publique. Comme le cas, d’une radio (même diffusée sur internet!) il faut payer des droits. Ils ne sont pas inclus dans le prix d’achat du disque.

Les logiciels aussi sont des biens intangibles. Il ne s’agit pas d’un récipient de bits magnétiques disposé sur un support physique. Ce qu’on croit être le prix d’achat du logiciel est en fait une licence d’utilisation. Ce n’est pas un transfert de propriété du logiciel. La propriété intellectuel, c.-à-dire le droit d’auteur. Les règles d’utilisation font l’objet d’un contrat entre les concepteurs et les utilisateurs. le CLUF, contrat de licence utilisateur final. Ou EULA en anglais. Vous savez? Quand vous installer le logiciel, le fameux texte de bla bla avec les deux boutons (J’accepte/Je refuse), c’est le contrat que vous signez.

vd2[1]

Ensuite, les conditions d’utilisation… c’est là que ça se complique. Et c’est important justement pour déterminer le juste prix: qu’est-ce qu’une utilisation? Le logiciel n’est pas le support où se trouve les fichiers. C’est lorsqu’il est actif et fonctionnel, en mémoire. On peut compter en fonction du nombre d’utilisateur à un moment donné. Mais si le logiciel roule sur deux machines? S’il roule sur une seule machine, il y a peut-être plusieurs instances qui tourne en mémoire.

Plus complexe encore, il n’y a peut-être qu’une copie en mémoire mais deux CPU ou processeurs, chacun exécutant des segments de code en simultané. Est-ce deux utilisations? Comme deux chevaux tirant une même charrue? Ou deux chevaux tirant deux charrues pour labourer plus rapidement un champs?… ou deux champs?

Mais voilà, la technologie avançant, il y a la virtualisation, matériel ou logiciel, permettant de simuler de multiples environnements matériels sur un même ordinateur. Est-ce qu’on compte ces simulations comme des environnements distincts sur lequel le logiciel peut être en utilisation? Et de tout ça dépendra le prix qui sera demandé pour utiliser le logiciel.

ordinateur[1]

Voyez? Il y a plus que des clauses de non-copies dans ces contrats d’utilisation. Il existe aussi des clauses de non-transférabilité. Comme celles qui régissent les versions de Windows déjà installées sur un nouvel ordinateur. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de CD d’installation de Windows qui viennent avec la machine, juste des disques de réinstallation d’urgence.

C’est aussi pour ça que les mises à jour coûte moins cher que les licences complètes.

On est loin du prix du balai, non?

Tant qu’a faire… je pense que je faire un peu de ménage sur mon disque dur aussi…

balai