mardi 2 août 2011

Le silence n’est plus d’or

A-720… Un numéro anonyme…

Autoroute Ville-Marie, tunnel Viger c’est déjà plus parlant. On sait dès lors qu’il s’agit d’une artère vitale dans la vie du centre-ville de Montréal.

Comme pour toutes les artères d’un corps humain, quand l’artère se bouche c’est la crise, l’urgence, la panique. On se tourne alors vers les autorités compétentes pour nous sortir du pétrin, pour nous expliquer ce qui se passe vraiment, pour nous rassurer.

Techniquement, la politique c’est ça. La politique c’est l’art de la parole. Parole de discussion, parole de négociation, parole de coordination. Parole d’une vision aussi. Parce que ce qu’on veut de la classe politique c’est d’être au dessus de la mêlée. Pas au-dessus parce qu’ils sont des gens importants, des gens puissants. Au dessus, parce qu’on leur demande d’avoir de la vision, de savoir où ils vont, mais surtout pour qu’ils puissent répondre de leur vision et leurs actions. C’est le mandat qu’on leur confie à chaque élection.

Comme Yvon Deschamps disait: les politiciens sont des gens responsable. Quand ça va mal, ils sont toujours responsables de ce qui nous arrivent.

Responsable, du latin responsus, répondre de ses actes.

Répondre, c’est parler.

Malheureusement, aujourd’hui les politiciens sont bilingues, mais de bilingues dysfonctionnels… Leur langue naturelle c’est la langue de bois. Une langue réflexe…

Une langue qui se veut rassurante… à ce qu’il parait.

Mais c’est plutôt une langue méprisante. Méprisante quand les politiciens pensent que la population n’a pas la maturité pour comprendre les vrais enjeux. Méprisante parce que c’est la population qui leur a donné mandat de gouverner et que par conséquent c’est nous leur boss. C’est à nous qu’ils ont justement à répondre. C’est leur job de nous répondre.

La langue de bois, c’est le subterfuge pour masquer la culture du silence. Cacher le résultat des rapports d’ingénieurs sur l’états des infrastructures, sous prétexte que c’est trop technique pour la population c’est méprisant. C’est sûr que je ne suis pas ingénieur. Je ne comprend pas tout sur le béton précontraint, les subtilités des résistances des matériaux, les stratégies de routage de la circulation automobile en milieu urbain. C’est pour ça que le langage utilisé pour communiquer avec nous est crucial.

Mais juste dire “Le tunnel est sécuritaire” quand une poutre de 25 tonnes est tombée, c’est un peu court. Il n’y a pas eu de mort juste parce qu’il n’y avait personne en dessous à ce moment là.

Dire “la structure est inspectée régulièrement” quand des morceaux de béton tombent du pont Mercier et qu’on voit à travers, c’est un peu court aussi. Régulièrement, ça peut vouloir dire une fois par dix ans.

Commander des rapports, c’est une chose. Ensuite il faut les lire et en rendre compte. À l’école, on avait des devoirs comme ça, lire des livres. Mais comme il ne suffisait pas de les lire, le professeur nous demandait de faire des résumés pour s’assurer, un qu’on les avait lu, deux qu’on avait compris l’histoire, trois qu’on pouvait en tirer des leçons.

Peut-être qu’on devrait faire passer des examens aux politiciens pour savoir s’ils les ont lu, s’ils ont compris et surtout s’ils sont capable d’en tirer une leçon… et surtout s’ils ont un plan d’action pour corriger les failles que ces rapports ont décelées. C’est ça, en rendre compte. C’est ça, répondre, être responsable.

Dans le domaine des plans d’action, le silence n’est jamais un allié politique. La langue de bois non plus.

La prudence politique, ok, d’accord.

Mais le silence non.

Le silence n’est jamais une bonne “réponse” quand on est “responsable”.

Le silence n’est pas toujours d’or… Le silence ça révèle quelque fois une étonnante pauvreté. Une grande pauvreté de confiance envers ses interlocuteurs.

Et la confiance, c’est le principal ciment (ou béton) de la vie politique. Là aussi, il y a des grandes poutres qui tombent.

mercredi 27 juillet 2011

Faire un jardin pour y faire pousser des idées

Quand on pousse une idée jusqu’au bout, comment sait-on qu’elle est vraiment au bout?

Avait-on une idée du bout? Ou ce bout n’était que la limite, l’horizon au-delà duquel notre vision perd pied?

Y a-t-il un horizon quand on met les choses à plat ou la planète des idées a une dimension qui nous permettrait de nous y mettre en orbite? Et si les idées peuvent graviter, comme pour les satellites, à quelle vitesse doit-on aller pour décoller et échapper à son attraction?

Révolution! Rêve aux solutions!

Et si au contraire, la planète des idées était plate, y a-t-il derrière l’horizon des monstres et des précipices qui accueillent les infortunés explorateurs.

Écrire c’est un peu ça. Faire voyager les idées. Voir si au bout des idées on y rencontre des choses. Quelques fois des choses qu’on avait au départ, mais qui par habitude ne se démarquaient plus de notre quotidien.

Les vacances aussi c’est un peu ça. S’arrêter un peu. S’arrêter pour se laisser rattraper par les choses après quoi on court sans relâche. Les choses qui nous sont chers sont souvent comme ça. Comme un horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance. Mais qui se rapproche quand on s’arrête.

Comme le temps qu’on perd à essayer d’en gagner.

Des fois, pour avoir du temps… il faut juste s’arrêter de courir après.

Prendre son temps… Ça on ne met jamais ça sur sa check list. Pourtant, ça, c’est important.

Quand le sage montre une étoile du doigt, l’idiot regarde le doigt. C’est simple et compliqué en même temps ça.

Quand on écrit, comment voit-on vers où le doigt pointe? Joue-t-on à l’idiot quand on s’attache au texte plutôt qu’à l’esprit du texte?

L’écrivain peut-il aider l’idiot qui regarde ailleurs ou a-t-il tort, comme tous les absents, d’essayer de ramener l’idiot à son texte? Et si l’idiot faisait la découverte d’une nouvelle manière d’interpréter ses écrits.

Le sage montre du doigt… mais si le sage montrait du doigt un autre doigt qui pointe? Serait-il moins sage?

Y aurait-il là une méta-sagesse… ou juste une double idiotie?

Révolution… Rêve aux rêves…

Assis dans un fauteuil de la Grande bibliothèque nationale cette après-midi, je regardais par la fenêtre. Un livre parlant d’Héraclite d’Éphèse sur les genoux. Une sorte de Montaigne grec avant l’heure. Des questions, des réflexions. Et je regarde par la fenêtre, l’esprit vaguant au loin. Regardant à l’horizon la naissance d’un nuage. Comme un trouble sur le fond du ciel, puis une ligne. Le nuage se dessine, se précise, s’amplifie. Puis comme il est venu, s’amenuise, se dilue lentement. Puis le fond bleu reprend ses droits.

NuageDilue

Comme le nuage, les idées naissent, et se diluent. Il faut du temps pour voir passer le phénomène. Dans le ciel, comme dans la tête…

Ça sert à ça les vacances. Avoir le temps pour voir passer le temps. Avoir le temps d’avoir des idées… Avoir du temps pour les laisser aller…

Avoir le temps pour son jardin intérieur… et y faire pousser sa vie…

vendredi 24 juin 2011

Au revoir, navette

Plus que deux semaines… 135 voyages sur 282 jours à parcourir plus de 18 millions de km.

Le 8 juillet prochain sera le dernier voyage d’une navette américaine. Atlantis est son nom et, après son retour, prendra sa retraite au musée du centre spatial Kennedy. Une page d’histoire spatial d’un peu moins de 30 ans se tourne.

Tant pis pour les six membres d’équipage de la station spatiale. Ils devront revenir sur Terre autrement. Et le autrement, ça ne peux être que les russes par le temps qui courent. Les Japonais ne sont pas encore capable de faire le taxi. Le seront-il avant la fin projetée de la station spatiale en 2020?

De quoi aura l’air la suite? Y aura-t-il une suite? La Lune? Mars? Astéroïdes? RIen pantoute?

Comme dirait Lucky Luke

“I’m a poor lonesome shuttle.
I’m a long long way from home
And this poor lonesome shuttle
Has got a long long way to roam
From dawn till day is done
My horse and me keep riding
Into the setting sun”

lundi 20 juin 2011

Chasse à l’homme… en autobus

Règle no. 1: Tu ne niaise pas un chauffeur d’autobus.

8h30 pm. L’autobus 215 décolle du terminus de Fairview dans l’ouest de Montréal. Rendu au coin de Brunswick, deux jeunes hommes dans la vingtaine cognent à la porte du pour entrer dans le bus. Bien voyons donc! L’autobus n’a même pas d’arrêt à ce coin et en plus il n’est même pas sur le bord du trottoir mais sur la troisième voie du centre. C’est sûr qu’aucun chauffeur qui se respecte ne laissera pas entrer personne là. Après avoir fait signe que non aux individus, ceux-ci s’élancent à la course, traversent le boulevard St-Jean (sur la lumière rouge) et vont jusqu’à l’arrêt suivant 150 mètres plus loin.

Essoufflés, mais arrivant avant le bus, ceux-ci montent. Le premier valide son passage avec sa carte Opus. Le second fouille dans ses poches. Je suis au second banc devant et je vois la scène. Continuant de faire semblant de chercher dans ses poches, il appelle son copain à sa rescousse. L’air de rien, celui-ci glisse sa passe de bus dans la poche de son comparse. Continuant de fouiller, il “trouve” enfin sa passe et l’agite devant la machine. Buzzzz! Buzzz!! Évidemment la machine refuse avec son voyant rouge.

Le chauffeur lui explique qu’on ne peut pas utiliser la même passe deux fois dans le même bus.

“Ah! Come on!”, lui dit le gars. “Tu mets du cash dans la fente, mon gars”, rétorque le chauffeur.

Fouille, fouille, fouille… Petite monnaie ici et là, il finit par mettre 2$ dans la machine.

“C’est trois dollars, mon gars”.

“Ah! Tu me niaise là!”

“Non c’est toi qui me niaise”, dit le chauffeur. “Trois piastres ou pas de reçu”

“Ah, come on, là! Manque juste une piastre là!”

Évidemment, le type va rejoindre son copain à l’arrière sans payer son dû… Le chauffeur est fru mais mais que voulez vous?…

L’autobus décolle. Arrivé aux Galeries DesSources, ding, ding ding! Ça veut débarquer ces gars-là! Le chauffeur s’arrête et ouvre la porte avant. “Non, non, l’autre arrêt”

“Heille tu me niaise là?”, fulmine le chauffeur.

On ne sait jamais ce qu’a été la journée d’un chauffeur. Des fois il est souriant, d’autre fois bourru. Problème de syndicat, problème personnel, on ne le sait pas. Accumulation de friction avec les clients on ne le sait pas non plus. Toujours est-il qu’il vient toujours un moment où vient la goutte qui fait déborder le vase, qui fait qu’une journée dérape.

En arrivant à l’arrêt suivant, nos deux compères se séparent, l’un à l’avant, l’autre (celui qui lui manque une piastre) à l’arrière. Je suppose qu’il trouve que ça s’échauffe un peu. La porte s’ouvre, celui de devant se gargarise de “va chier” et d’autres expression typique, puis se retourne et crache au visage du chauffeur. Puis il se sauve en courant.

Ding ding ding!! Le chauffeur pète sa coche. L’autre derrière frappe dans la porte pour sortir. Pense-tu vraiment que tu va sortir toi là! Le chauffeur décolle en trombe à la poursuite de notre cracheur. En zigzagant pour le rattraper avec le bus, plusieurs passagers se mettent à crier de panique. Nous voici en pleine chasse à l’homme. Le type traverse en courant de l’autre côté de la rue. Qu’à cela ne tienne! Notre chauffeur continue sa poursuite, passe par-dessus le terre-plein avec l’autobus. Ça crie de plus belle dans l’autobus.

L’autobus poursuit sa course, coupant les trois voies, embarque sur le trottoir, puis la terrasse d’un bloc appartement pour s’arrêter finalement dans le stationnement. Bleu, rouge, vert, le chauffeur ouvre la porte et sort avec une barre de métal de deux pieds et demi de long après notre gars. Des passagers qui appellent, qui le 911, qui la police. d’autres qui invective le chauffeur. “Appelle là la police, c’est ça que j’veux!”

Trois voitures de police plus tard, ça se calme un peu. Je n’ai pas poursuivi ma route dans cet autobus là. J’ai préféré aller prendre un café dans la Belle Province juste à côté.

C’est agressif cette ville là. Deux petits cons qui se foutent de tout et de tous. Un chauffeur qui devrait surement prendre des vacances ou bien revoir sa carrière.

Il y a des gouttes comme ça qui font déborder les vases. On peut discourir autant qu’on veut sur le pourquoi, le comment des effets de la dernière goutte.

Faudrait se demander aussi pourquoi le verre est aussi plein, aussi! Des petites choses… goutte à goutte… qui s’accumulent.

Après ça on se demande pourquoi il y a des innocents qui se ramassent des balles perdues en pleine rue…

vendredi 17 juin 2011

La route sera longue

Occident pervers! Il ne lui suffisait pas avec son internet et son cinéma de polluer les esprits avec sa propagande d’égalité des sexes. Voilà maintenant qu’en Arabie Saoudite, dans la mouvance de la révolution arabe qui sévit un peu partout, un mouvement de protestation se forme parmi les femmes. Un geste aux conséquences sans égal…

Des femmes se mettent à conduire une voiture… en plein jour… aux yeux et aux vues de tous!

Arrrrgggg!!

Ça y est c’est la fin du monde!!

Tout est dans le regard de celui qui regarde…

A force de voir les soldates américaines conduire leurs voitures dans les rues, les saoudiennes sont maintenant tentées de vouloir les imiter. Bien que ce n’est pas interdit pas la loi, les femmes saoudienne n’ont pas la possibilité d’obtenir de permis. Il semblerait que le clergé islamique wahhabite voit d’un mauvais oeil la possibilité qu’elles pourraient ainsi sortir de chez elles et rencontrer d’autres hommes (!!) ou même quitter le pays.  Women2Drive invitait donc ce vendredi 17 juin toutes les femmes possédant un permis de conduire international de prendre le volant dans les rues de Ryad.


Women2Drive, les Saoudiennes se mobilisent via... par TV5Monde

On a beau essayer de ne pas juger les cultures, il faut dire que dans certains pays il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Ici, il y a quinze ans Eileen M. Collins devenait la première femme à piloter la navette spatiale. A quoi les américains ont bien penser!! Elle aurait bien pu quitter cette planète de fou, si l’envie lui était venue!!

D’ici là, on peut bien se permettre d’être un peu taquin… Après tout, ici elle on même le droit d’avoir des cartes de crédit.

Ça! C’est bien plus dangereux!!

dimanche 29 mai 2011

La caverne internet

Platon décrivit un jour dans ses conversations une caverne. Dans cette caverne, des prisonniers étaient enchainés depuis l’enfance à des piliers, ne pouvant tourner la tête. Toute leur vie, ceux-ci voyaient sur le mur face à eux des ombres s’agiter. Ils voyaient des gens, des animaux, des outils. Toute une vie se déroulait devant eux. Ces ombres étaient pour eux l’unique réalité, les prisonniers n’en connaissant pas d’autres. Un jour un des prisonniers fut libéré. Au sortir de la caverne, celui-ci vit le soleil. Il eut mal aux yeux car il ne le connaissait pas. Ébloui, il vit la cité, les marchés, les gens parcourir les routes sur des chevaux. Il ne comprenait rien de ce qu’il voyait car rien ne l’avait préparé à cet évènement. Sa réalité se déroulait en deux dimensions sur le mur de la caverne. Devant lui un monde nouveau en trois dimensions, étrange et inquiétant. L’homme comprenait le monde des ombres qu’il percevait mais était démuni devant le monde réel qui dépassait la conception qu’il s’en était fait jusque là.

Combien d’heures passons nous devant des écrans, enchainés à nos claviers? On se lève, on consulte la météo à la télé. “Tiens, il y a pas mal de circulation sur Décarie aujourd’hui, si j’en juge ce que donne les caméras de Transport Canada”. Puis un petit coup d’œil sur les courriels sur iPhone. Puis au boulot, l’écran nous avale tout rond, des heures durant. Clic-clique-clic-clic. De retour du boulot, dans l’autobus, tout le monde a les yeux rivés sur leurs jeux PSP ou autres “smart phones” à texter. A la maison, hop, mise à jour de mon statut Facebook. Lecture de journaux, articles divers. “Tiens, un article de blog bizarre?” Hop! Un clic et on partage le lien sur Facebook ou Twitter.

Ding dong un courriel! Ah, quelqu’un a commenté mon statut Facebook de la veille. Ha ha ha! Je clique sur “J’aime”.

Internet est-il la nouvelle caverne de Platon?…

On nous parle de réalité augmenté, de télé-présence, de réseaux sociaux…

Bientôt, on arrivera plus à s’expliquer la réalité sans se référer à ce qu’on observe sur l’internet. La révolution égyptienne, et le printemps arabe, n’aurait été possible sans les internautes et leur capacité à contourner la censure de l’information et ainsi à coordonner leur mobilisation, dit-on.

Je lisais sur Facebook, une liste de commentaires sur le profil d’un ami. “Youhou? Ça va? Tu m’inquiète? Quelqu’un a-t-il son numéro de téléphone pour l’appeler. J’ai peur qu’il fasse une bêtise”. Puis quelques minutes plus tard, “C’est beau, je l’ai appelé. Il est frustré mais tout va bien. Il est chez lui maintenant et il dort”. Big Brother, c’est pas juste pour nous observer et nous contrôler. Ça peut aussi servir à sauver des vies entre amis.

Des fois, ils y a des gens qui se demande à quoi ça sert d’avoir 424 amis sur Facebook si la plupart sont silencieux et n’ont pas l’air de contribuer à la communauté “de mémèrage”. Des fois, il y a du non-dit qui circulent sur les réseaux sociaux. Ça ne se traduit pas toujours par des petits “smiley” ;-) ou :D ou encore :( … Des fois, c’est encore plus subtil que ça.

Des fois aussi on fait juste un petit commentaire. Comme un bine sur l’épaule pour rappeler qu’on est là et qu’on s’inquiète. Et hop! C’est comme un coup de batte de baseball en arrière de la tête. Ok, mauvais timing. Comment je pouvais interpréter la disparition d’un blog moi? Une multitude de signaux montrant une suite de coup dur, de désillusion, de découragement. Puis un bavardage incessant qui tout à coup devient une sorte de silence radio. Toc, toc, toc! Il y a encore quelqu’un? Bang! “C’est pas le bon moment, tu vois pas là?”

Le silence c’est l’absence sur le fond de la caverne de Platon.

Si aucune ombre ne s’agite. Est-ce un motif pour s’inquiéter?

Moi, je pense que oui.

C’est ça l’amitié. Être présent, en pensée, malgré la distance.

On a le droit de le dire qu’on pense à ceux qu’on apprécie. Même si c’est Platonique…

Tant pis pour les bosses en arrière de la tête…

Amitié quand même…

mercredi 9 mars 2011

Dessine moi un mouton

Quand le petit prince demande à l’aviateur de lui dessiner son mouton, celui-ci lui joue un peu un tour en dessinant une boite. “Ton mouton est dedans”, lui dit-il.

L’imagination c’est un outil formidable. Surtout quand on décide d’aller au bout de ce qu’il nous propose.

Et de l’imagination on commence à en avoir pas mal. A commencer avec les imprimantes 3D.

Condamné dès l’origine à la plate platitude, l’imprimante s’extirpe de sa condition et s’échappe dans de nouvelle dimension. Au lieu de se servir d’encre, elle utilise des particules de résine, de plâtre, ou même de métal pour construire des objets, couche par couche comme un tranche-baloney mais à l’envers, et ainsi concrétiser des prototypes qui n’existaient que dans la mémoire d’un ordinateur.

De la 3D… pas comme les simili 3D de téléviseur… pas besoin de lunette ou rien de tout ça. Du vrai 3D, qu’on peut tenir dans les mains.

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Fabriquer des objets au contour irrégulier, à la limite de ce qui usinable. Ce sont les ingénieurs qui sont content.

Juste eux?

Il y en a d’autres, qui eux aussi, commencent à avoir les neurones en ébullition.

Pourquoi pas des prothèses…

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Remplacer des morceaux qui manquent dans un corps humain. Un petit rayon X, un écographie puis hop! On clique sur “Print” ça y est! Un orteil en PVC tout neuf.

Et les matériaux? Il y a des gens qui font 1 + 1 dans leur tête.

Lorsqu’un grand brulé a perdu de grande surface de peau, les médecins peuvent prélever un peu de peau ailleurs sur le patient, grand comme un timbre poste, et le traiter. On dissout les cellules de la peau dans un solution, puis on les fait croitre. Les cellules se multiplient et croissent. On peut obtenir ainsi pour pas cher et en peu de temps de grande surface de peau dont on peut recouvrir les plaies. Pas de rejet, c’est de l’auto-greffe. Mais ça c’est une forme simple ça, un surface. Un redrappage comme on recouvre un divan. On drape, on coud, allo les cicatrices.

Et c’est là qu’on fait 1 + 1 …

Si au lieu d’utiliser de la résine, on utilise… des cellules souches.

Imprimer des organes, des organes vivants, en 3D, selon la forme et les caractéristiques obtenu d’un scanneur à résonnance magnétique. Ne bougez plus, gardez la pose! Vous ne voulez quand même pas qu’on vous fasse un foie qui serait flou non?

Science-fiction?

D’accord c’est n’est pas encore le film Le cinquième élément. Reconstruire quelqu’un juste à partir d’un petit morceau de bras.

Mais ce n’est plus très loin. Déjà il y a des gens qui vivent avec des vessies “imprimées en 3D”. On travaille à construire des organes complexes comme des reins.

Ahurissant ce vidéo! La recherche en vient à rêver à “imprimer des organes” directement sur le patient.

À rêver? On est presque à tester!

Wow!

Star Trek et ses synthétiseurs/réplicateurs de nourriture peuvent se rhabiller…

- “Scotty! Répliquez-moi un mouton…”

- “Aye! Aye! Cap’tain! Du mouton en boite, cap’tain?”

lundi 14 février 2011

Paysage de sucre en poudre

C'est dimanche soir, le sommeil me fuit.

Que faire, sinon faire ce que j'aime le plus... marcher dans la neige fraichement tombée. Jeux d’ombres et de lumière tremblotante sous les lampadaires. Un léger halo de flocons couronne ces gardiens de lumière. Le vent lui-même se repose pour la nuit.

ruehivernuit

Les sons de la ville sont à l'étouffée. Le ciel de Montréal, malgré la nuit, est lumineux. Le sol blanc immaculé d'une neige innocente masque les outrages des abrasifs abusifs. Seuls les marques des bottes font des ponctuations sur le trottoir.

Puis au loin, se font entendre les rugissements des mécaniques. C'est l'heure de renchausser les "iglous" alignés le long des routes. Question de cultiver un peu la frustration matinale des automobilistes endormi.

 

À leur réveil, les automobilistes pourront constater le résultat de ces travailleurs nocturnes. Mais dans le fond, on sait bien à quel point ceux-ci savent que le printemps s’en vient et ils ne se découragent pas. On le verra quand, malgré leurs bras meurtris après un déglaçage frénétique, ils les brandiront vaillamment à leur passage et feront bourgeonner à l’unisson leur doigt d’honneur…

dimanche 30 janvier 2011

Mmmmm? Oui, oui, je t’écoute…

Un jour que je déjeunais chez Cora, j’observais un couple à la table voisine. Elle, penchée sur le journal, à faire un sudoku, lui, entière plongé dans l’écran de son téléphone, à répondre à ses courriels. Ça fait un bon dix minutes qu’ils n’ont pas dit un mot.

La serveuse approche de la table avec son pot de café. “On réchauffe votre café?”, dit-elle.

Aucune réaction.

La serveuse répète… La femme lève la tête si rapidement que la serveuse sursaute. Toute la table éclate alors de rire.

Compagnon de vie. Du latin companionem, de com (ensemble) et de panis (le pain). Ceux avec qui on partage le pain. Eux, à côté ne partagent guère plus que la même table on dirait.

Pourtant, il y avait communication. Il retournait ses courriels.

À tous les jours dans l’autobus, je vois des gens qui sont tous ensemble et qui communiquent. Ils communiquent mais pas entre eux. Celui-ci texte, l’autre parle à son cellulaire. Celle-ci change son statut sur Facebook. Je ne compte plus ceux qui twittent. (On conjuge ça comment twitter au plus que parfait du subjonctif?)

Il y a aujourd’hui un coupure en communication et présence physique. Il n’y a même plus nécessité de simultanéité. J’ai un ami qui m’a dit qu’il avait un nouvel emploi à Québec. “Tu déménage?”, je lui dis. Non, non, je vais travailler de chez moi.

Les nouvelles technologies changent bien des choses dans la vie moderne.

Il y en a même qui disent l’internet c’est maintenant de l’ordinaire, une chose banale, prise pour acquis.

Faux…

On n’a rien qu’à voir ce qui se passe en Égypte ces temps-ci. Un dirigeant qui n’arrive plus à rester connecté avec sa population. La population s’agite, réclame, manifeste. Assez, c’est assez. Les troubles s’installent. Que fait le gouvernement?

Il coupe l’internet et les services cellulaires.

Du jamais vu, nulle part. Les dictatures ont ce point en commun, c’est le contrôle de leur image face au monde entier. Pas question qu’il y ait des images et de reportages “citoyens”, photos et vidéos des cellulaires sur You-Tube montrant l’armée et les chars du Pharaon moderne dans les rues du Caire. Pas de retour d’information de la communauté mondiale vers la population via Twitter.

Le trou noir de communication.

Comme mon couple chez Cora, la paix semblait apparente. Un évènement soudain peut amener toute une population en ébullition. Ça grognait depuis longtemps. La récession, les hausses de prix de l’essence, des denrées alimentaires de base. Le gouvernement fait des chambardements fiscales. Puis le soulèvement populaire chez leur voisin, la Tunisie. Un soulèvement qui permet de chasser le président. C’est comme un signal de départ, un déclencheur, une cascade d’évènements. Puis la vague atteint l’Égypte…

Avec l’internet, les infos vont plus vite qu’avant. Beaucoup plus vite qu’avant.

Le gouvernement égyptien semble ne pas avoir su garder le contact avec sa population. C’est important de garder le contact. Surtout dans les périodes difficiles.

Être présent à l’autre. Partager le pain…

Pas juste les miettes…