mardi 2 août 2011

Le silence n’est plus d’or

A-720… Un numéro anonyme…

Autoroute Ville-Marie, tunnel Viger c’est déjà plus parlant. On sait dès lors qu’il s’agit d’une artère vitale dans la vie du centre-ville de Montréal.

Comme pour toutes les artères d’un corps humain, quand l’artère se bouche c’est la crise, l’urgence, la panique. On se tourne alors vers les autorités compétentes pour nous sortir du pétrin, pour nous expliquer ce qui se passe vraiment, pour nous rassurer.

Techniquement, la politique c’est ça. La politique c’est l’art de la parole. Parole de discussion, parole de négociation, parole de coordination. Parole d’une vision aussi. Parce que ce qu’on veut de la classe politique c’est d’être au dessus de la mêlée. Pas au-dessus parce qu’ils sont des gens importants, des gens puissants. Au dessus, parce qu’on leur demande d’avoir de la vision, de savoir où ils vont, mais surtout pour qu’ils puissent répondre de leur vision et leurs actions. C’est le mandat qu’on leur confie à chaque élection.

Comme Yvon Deschamps disait: les politiciens sont des gens responsable. Quand ça va mal, ils sont toujours responsables de ce qui nous arrivent.

Responsable, du latin responsus, répondre de ses actes.

Répondre, c’est parler.

Malheureusement, aujourd’hui les politiciens sont bilingues, mais de bilingues dysfonctionnels… Leur langue naturelle c’est la langue de bois. Une langue réflexe…

Une langue qui se veut rassurante… à ce qu’il parait.

Mais c’est plutôt une langue méprisante. Méprisante quand les politiciens pensent que la population n’a pas la maturité pour comprendre les vrais enjeux. Méprisante parce que c’est la population qui leur a donné mandat de gouverner et que par conséquent c’est nous leur boss. C’est à nous qu’ils ont justement à répondre. C’est leur job de nous répondre.

La langue de bois, c’est le subterfuge pour masquer la culture du silence. Cacher le résultat des rapports d’ingénieurs sur l’états des infrastructures, sous prétexte que c’est trop technique pour la population c’est méprisant. C’est sûr que je ne suis pas ingénieur. Je ne comprend pas tout sur le béton précontraint, les subtilités des résistances des matériaux, les stratégies de routage de la circulation automobile en milieu urbain. C’est pour ça que le langage utilisé pour communiquer avec nous est crucial.

Mais juste dire “Le tunnel est sécuritaire” quand une poutre de 25 tonnes est tombée, c’est un peu court. Il n’y a pas eu de mort juste parce qu’il n’y avait personne en dessous à ce moment là.

Dire “la structure est inspectée régulièrement” quand des morceaux de béton tombent du pont Mercier et qu’on voit à travers, c’est un peu court aussi. Régulièrement, ça peut vouloir dire une fois par dix ans.

Commander des rapports, c’est une chose. Ensuite il faut les lire et en rendre compte. À l’école, on avait des devoirs comme ça, lire des livres. Mais comme il ne suffisait pas de les lire, le professeur nous demandait de faire des résumés pour s’assurer, un qu’on les avait lu, deux qu’on avait compris l’histoire, trois qu’on pouvait en tirer des leçons.

Peut-être qu’on devrait faire passer des examens aux politiciens pour savoir s’ils les ont lu, s’ils ont compris et surtout s’ils sont capable d’en tirer une leçon… et surtout s’ils ont un plan d’action pour corriger les failles que ces rapports ont décelées. C’est ça, en rendre compte. C’est ça, répondre, être responsable.

Dans le domaine des plans d’action, le silence n’est jamais un allié politique. La langue de bois non plus.

La prudence politique, ok, d’accord.

Mais le silence non.

Le silence n’est jamais une bonne “réponse” quand on est “responsable”.

Le silence n’est pas toujours d’or… Le silence ça révèle quelque fois une étonnante pauvreté. Une grande pauvreté de confiance envers ses interlocuteurs.

Et la confiance, c’est le principal ciment (ou béton) de la vie politique. Là aussi, il y a des grandes poutres qui tombent.