Quand on pousse une idée jusqu’au bout, comment sait-on qu’elle est vraiment au bout?
Avait-on une idée du bout? Ou ce bout n’était que la limite, l’horizon au-delà duquel notre vision perd pied?
Y a-t-il un horizon quand on met les choses à plat ou la planète des idées a une dimension qui nous permettrait de nous y mettre en orbite? Et si les idées peuvent graviter, comme pour les satellites, à quelle vitesse doit-on aller pour décoller et échapper à son attraction?
Révolution! Rêve aux solutions!
Et si au contraire, la planète des idées était plate, y a-t-il derrière l’horizon des monstres et des précipices qui accueillent les infortunés explorateurs.
Écrire c’est un peu ça. Faire voyager les idées. Voir si au bout des idées on y rencontre des choses. Quelques fois des choses qu’on avait au départ, mais qui par habitude ne se démarquaient plus de notre quotidien.
Les vacances aussi c’est un peu ça. S’arrêter un peu. S’arrêter pour se laisser rattraper par les choses après quoi on court sans relâche. Les choses qui nous sont chers sont souvent comme ça. Comme un horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance. Mais qui se rapproche quand on s’arrête.
Comme le temps qu’on perd à essayer d’en gagner.
Des fois, pour avoir du temps… il faut juste s’arrêter de courir après.
Prendre son temps… Ça on ne met jamais ça sur sa check list. Pourtant, ça, c’est important.
Quand le sage montre une étoile du doigt, l’idiot regarde le doigt. C’est simple et compliqué en même temps ça.
Quand on écrit, comment voit-on vers où le doigt pointe? Joue-t-on à l’idiot quand on s’attache au texte plutôt qu’à l’esprit du texte?
L’écrivain peut-il aider l’idiot qui regarde ailleurs ou a-t-il tort, comme tous les absents, d’essayer de ramener l’idiot à son texte? Et si l’idiot faisait la découverte d’une nouvelle manière d’interpréter ses écrits.
Le sage montre du doigt… mais si le sage montrait du doigt un autre doigt qui pointe? Serait-il moins sage?
Y aurait-il là une méta-sagesse… ou juste une double idiotie?
Révolution… Rêve aux rêves…
Assis dans un fauteuil de la Grande bibliothèque nationale cette après-midi, je regardais par la fenêtre. Un livre parlant d’Héraclite d’Éphèse sur les genoux. Une sorte de Montaigne grec avant l’heure. Des questions, des réflexions. Et je regarde par la fenêtre, l’esprit vaguant au loin. Regardant à l’horizon la naissance d’un nuage. Comme un trouble sur le fond du ciel, puis une ligne. Le nuage se dessine, se précise, s’amplifie. Puis comme il est venu, s’amenuise, se dilue lentement. Puis le fond bleu reprend ses droits.
Comme le nuage, les idées naissent, et se diluent. Il faut du temps pour voir passer le phénomène. Dans le ciel, comme dans la tête…
Ça sert à ça les vacances. Avoir le temps pour voir passer le temps. Avoir le temps d’avoir des idées… Avoir du temps pour les laisser aller…
Avoir le temps pour son jardin intérieur… et y faire pousser sa vie…
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