mardi 10 mars 2009

Expo-science régionale Bell

Ah! J’ai toujours une sorte de surexcitation qui m’envahit quand je pense à cette période de mon adolescence. C’est sûr que j’irai faire un tour au biodôme en fin de semaine pour aller voir les kiosques à la finale régionale de l’Expo-science.

Quand je regarde comment c’est passé la période d’adolescence de gens qui m’entourent j’ai toujours l’impression d’avoir été un extra-terrestre. Il y en a qui ont passé leur temps à faire du sport, d’autre à essayer de se trouver des combines pour être toujours sur le party. J’en ai connu qui ont passé leur temps à jouer à des jeux de rôles, Donjons et Dragons et associés. Certains ont passé leur temps dans la rue, à faire des mauvais coups. Des choses normales quoi. Moi, rien de tout ça. Ce qui, moi, m’a accroché complètement ce sont les clubs de sciences.

La première fois, c’était en secondaire 2. A la polyvalente Leber (aujourd’hui nommé polyvalente de La Montée), il y avait le TNS, temps non-structuré. C’était des périodes à nos horaires, sans cours, mais où l’on pouvait participer à divers activités parascolaire. De la simple étude ou période de rattrapage, mais aussi des activités diverses reliées ou non à des cours. Je me souviens qu’après le cours d’initiation aux sciences physiques où on avait fait des expériences sur l’électrolyse de l’eau, mon professeur Bertrand Thibault m’avait invité à venir à période de TNS dont il était le responsable. J’avoue que je m’y était bien amusé à faire toutes sortes de variantes d’électrolyse. D’abord pour faire des bulles de gaz, oxygène, hydrogène, chlore mais ensuite pour faire des placages de nickel en se servant de vieux 5 cents comme électrodes (attention c’est illégal de détruire de la monnaie).

Puis j’ai voulu faire des placages de chrome. Comme on avait pas de composé de chrome se prêtant bien au placage, nous avons dû d’abord prendre deux composés chimiques pour faire du chromate de potassium et alors en faire l’électrolyse et faire un beau placage chromé. Je dis beau, c’est assez exagéré car la clé que j’avais plaquée en chrome était inutilisable vu que le placage était loin d’être uniforme. C’était plus proche de la branche de sapin avec toutes ses aiguilles et très friables si vous voyez ce que je veux dire. Inutilisable comme résultat. Mais quand la piqure de la science te prend… En connaissez-vous beaucoup, vous, des étudiants qui passent tout leur temps libre à la bibliothèque à feuilleter Encyclopedia Britannica pour trouver des formules chimiques pour fabriquer du cyanure de cuivre à partir de l’oxygénation d’une solution de cyanure de potassium et de ruban cuivre?

C’est ainsi que j’ai participé à la première Expo-science de l’Estrie en 1975, avec mon projet de galvanoplastie (placage de métaux par méthode d’électrolyse). Avec un simple invitation à aller plus loin que l’expérience d’électrolyse de l’eau, mon professeur Bertrand Thibault a été un véritable mentor et accompagnateur de ma curiosité naturelle. C’est une denrée rare, un professeur qui a l’air aussi curieux que toi et qui fait aussi des expériences hors-programme dans la réserve de matériel scientifique pendant les pauses. Il m’a conduit ainsi de la chimie à la biologie, puis à l’électronique et l’informatique. Il m’a fait rencontrer des profs du cégep et de l’Université de Sherbrooke pour voir la faisabilité des plans électroniques que je dessinais. J’avais grâce à lui une carte pour emprunter des livres à la bibliothèque des sciences pures et appliquées de l’université alors que je n’étais qu’en secondaire 4. C’est là que j’ai utilisé un terminal pour entrer des données en octal sur un ruban perforé pour programmer un circuit de mémoire EPROM pour mon projet d’horloge-mémoire, avec lequel j’ai gagné le premier prix de construction d’appareil scientifique à l’expo-science en 1978.  Si je suis programmeur aujourd’hui je le dois très certainement à cette première impulsion qui a allumé chez moi un feu qui ne s’éteint pas.

Comment voulez-vous que ça s’éteigne? Tous mes amis faisait partis du club de sciences. J’ai passé tout mon secondaire avec des gens qui construisaient leur télescope, qui construisaient des moteurs linéaires à induction magnétique, des réacteurs à propulsion ionique, à disséquer des rats, à cultiver des bactéries ou à construire des mini-fusées avec des instruments de mesure météo. C’était ça mon “ordinaire”.

Alors quand on me demande ce que j’écoutais comme musique quand j’étais jeune je réponds simplement que la musique ça c’était l’autre gang, la gang de la radio étudiante. Nous, on était trop occupé à démonter des oscilloscopes et à scruter des encyclopédies.

De toute façon, c’était silence obligatoire à la bibliothèque…

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