samedi 21 mars 2009

Y-a-tu juste moi qui fait de quoi icitte?

Voilà une phrase que tous et chacun on prononce de temps en temps. Quand sous la pression, on voit que l’Autre, celui à qui s’adresse l’accusation, ne semble pas avoir le même sentiment d’urgence que soit.

C’est une phrase assassine, qui blesse plus qu’elle ne renoue le dialogue ou ravive la motivation.

J’ai toujours été du style généreux. Attentif au besoin des gens. Quand je vois qu’une tâche est répétitive, facilement sujette aux erreurs d’inattention, je me précipite sur mon ordinateur pour chercher des moyens de l’automatiser. Parce que je n’arrive pas à comprendre des gens qui s’évertuent à retaper de longues commandes plutôt que de faire des copier-coller ou mieux le merveilleux drag&drop. Parce que je ne comprends pas qu’avec les centaines de mots de passe avec lesquels il faut travailler chaque jour dans mon domaine il y a des gens qui s’entêtent à ne pas les noter quelque part, un endroit sûr; vous savez, le genre de mot de passe qu’on utilise qu’une fois par trois ans pour renouveler une licence quelconque mais qui le moment venu disparait de votre mémoire.

Je suis comme ça. Je fais des scripts, des outils divers. Oh des fois ce n’est pas grand-chose, l’outil en lui-même n’a rien du super-méga-machin qui fait tout et même le café. Juste le genre ouvre-boîte, pratique, même pas électrique. Juste un petit bout de métal qui a la bonne forme, adapté à sa fonction. Quand dans le fond des bois tu n’a qu’une boîte de conserve pour te nourrir mais que tu n’as pas ce petit outil, super-simple, mais qui t’épargne bien des efforts, tu perds ton temps à taper dessus avec une pierre et tu te retrouve avec de la purée. J’aime la simplicité. Je n’ai pas tellement pas le style Linux, avec ses commandes ésotériques. Est-ce qu’il faut un « --r :3 » ou bien un « /Td » au bout de la commande? Beurk! Épargnez à mon cerveau d’avoir à retenir des informations aussi insipides et aliénantes que ça!

Y-a-tu juste moi qui fait de quoi icitte?

Cette phrase-là, je me le suis fait servir cette semaine… À propos d’un courriel auquel j’ai oublié de donner suite dans le tourbillon des milliers de choses auquel il faut donner suite. Un avis demandé mais qui nécessitait quand même réflexion et qui ne pouvait pas être répondu sur le champ. Puis le tourbillon fait perdre de vue…

Y-a-tu juste moi qui fait de quoi icitte?

Je bouille, je fulmine.

Cette remarque, pourtant servi ad nauseam, à la limite de la caricature, cette remarque cette semaine m’a transpercé le cœur comme une injustice, une absence de reconnaissance du travail accompli. Une remarque suite à l’oubli d’un feedback pour améliorer l’usage l’un des outils que J’AI FAIT. Un outil que j’ai fait sur mon temps personnel, de chez moi, de ma propre initiative. Un outil qui a fait sauver des milliers de dollars de temps d’employé, qui a standardisé la mise à jour de notre logiciel chez nos clients, qui a haussé la qualité d’implantation, qui a sauvé la mise pour les subventions de R&D dans une année particulièrement creuse en projet admissible.

Y-a-tu juste moi qui fait de quoi icitte?

J’enrage… J’ai failli explosé…

Moi aussi, certain jour, j’ai l’impression d’être un « one-man army ». Moi aussi, certain jour, j’ai l’impression de vivre avec des gens qui n’ont pas d’oreille pour les changements de façon de faire. Si on était des machines on pourrait se télécharger des nouvelles procédures en une microseconde, aller d’un même pas dans la même direction. Fini les frustrations de la communication. Pourtant c’est justement la multiplicité de point de vue et le choc des idées qui fait avancer les choses. Mais la multiplicité de point de vue, c’est aussi la solitude quand on n’arrive pas à communiquer sa motivation. On peut mener son cheval à l’abreuvoir mais on ne peut pas le forcer à boire. Ni à voir selon notre point de vue.

Moi quand je frustre. J’écris un outil… ou je marche. C’est plus constructif que de me plaindre de l’immobilisme ambiant.

Est-ce que je frustre souvent? Si j’en juge par l’ampleur de ma librairie d’outils… pas mal…

Puis faudrait que je m’achète des souliers aussi, mes semelles sont complètement fini…

3 commentaires:

Platypusolutioninc a dit...

Une marche jusqu'à Varennes !

Ghyslain Chamberland a dit...

Je suis à quelques degrés Celcius de me laisser tenter...

Platypusolutioninc a dit...

Youppi alors !