lundi 22 février 2010

La sécurité est la plus grande ennemie des mortels

Macbeth (1605)

Revenant de Sherbrooke en autobus, j’arrive à la station d’autobus de Montréal. C’est le dimanche soir, j’ai hâte de rentrer chez moi. Je traverse la station d’autobus pour me rendre au métro. Soudain mon regard est attiré par un homme dans la file de gens qui se préparent à monter dans un autre autobus.

Il a les bras en croix.

Puis mon regard se porte plus loin. Deux agents de sécurité circulent dans la file avec des bâtons détecteur de métal.

Ben voyons! Qu’est-ce qui se passe ici?

Dans ma tête, milles questions m’assaillent… Qu’est-ce qui se passe? Y a-t-il du danger? Est-ce une descente policière? S’il se passe quelque chose, pourquoi n’y a-t-il pas de périmètre de sécurité. Pourquoi est-ce que je peux circuler, là, à moins de cinq pieds de l’homme avec les bras en croix?

Il m’est déjà arrivé, à Montréal, d’être près de l’action, près d’endroit où des policiers appréhendant des voyous qui se bagarrent au sortir d’un bar, ou qui arrêtant un chauffard qui a causé un accident de la route en fuyant.

Mais là… ça a l’air différent. Ils sont au milieu de la foule, qui jasent nonchalamment, qui lèvent les bras à tour de rôle.

Ok, ok. Ce n’est qu’un contrôle de routine.20081215-164937-g[1]

L’adrénaline tombe un peu.

On n’est pas dans un aéroport pourtant pour avoir des mesures de sécurité aussi extensives. C’est juste une centrale d’autobus, ici, misère.

Je me souviens maintenant qu’il y a deux ans, dans le plus haut de la paranoïa des attentats aériens, il y avait eu un cas d’un chauffeur d’autobus au Manitoba décapité par un passager malade mental. Depuis, la compagnie d’autobus Greyhound avait institué des fouilles avec détecteurs de métal avant l’embarquement des passagers.

Pourtant ça fait deux ans de cela. Combien de temps faut-il pour passer de l’alerte maximal à l’attentat jusqu’au retour à la normal? Combien y a-t-il d’attentat avec des autobus par année? Il me semble que ces mesures sont tout-à-fait hors de proportions avec les risques.

Pire! Elles induisent un sentiment de paranoïa continue dans la population. Un incident isolé n’a pas à être assimiler à des complots terroristes!

J’ose à peine imaginer ce qui serait arrivé s’ils avaient été là, le jour où je suis revenu de Sherbrooke avec, dans mon sac à dos, un grand couteau de cuisine, un cadeau de Noël de ma mère. J’en aurai été quitte pour une fouille à nu en plein décembre adossé au mur de la station d’autobus, ma foi!

9782020129428FS[1]

Il y a des gens qui auraient avantage à lire ce livre que j’ai lu l’an dernier pour m’amuser. Comment réussir à échouer: Trouver l’ultrasolution. Ils comprendraient qu’à vouloir la solution idéale, complète et radicale, quelque fois on tue le malade. Oui, on obtient un société totalement sécuritaire si on assigne à résidence toute la population. Mais alors on n’a plus de société! Juste des prisonniers en cage, “au cas où”.

Le risque zéro, ça n’existe pas.

Sinon, c’est Dostoïevski qui aura raison  dans son roman Les carnets du sous-sol:

“Je jure, messieurs, qu’être conscient est une maladie – une vraie maladie. […] Vous savez, le fruit immédiat et légitime de la conscience, c’est l’inertie, c’est-à-dire, rester consciemment assis-les-mains-croisées.”

Je dis non pour donner raison à la peur.

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