samedi 25 octobre 2008

J’ai envoyé Lord British dans l’espace!

Lord British, c’est le pseudo de celui qui a été mon héro personnel. Richard Garriott, de son vrai nom, m’a inspiré massivement dans le domaine du jeu par ordinateur, particulièrement le CRPG, le jeu de rôle par ordinateur. Il est né quarante-trois jours après moi en Angleterre, puis a grandi au États-Unis. Comme il disait : hello plutôt que hi! Il a hérité de ce surnom de British.

Pour comprendre, il faut retourner en 1983. Vous savez, l’année où j’ai enfin mon premier ordinateur personnel, un Commodore 64. J’achète un jeu, je ne me doute de rien. Il s’agit de Ultima III : Exodus. Un jeu d’aventure. Vous savez? Le type d’hameçon qui vous accroche pour plusieurs décennies.

Ultima III: Exodus
http://www.youtube.com/watch?v=Q1qH5XFJs7k


Bien sûr, il y avait quelques émules des jeux de D&D sur ordinateur mais ils ressemblaient plus à des combats sporadiques au hasard dans de vastes territoires. Bien sûr, des pièces d’or, des épées, des points d’expérience, des méchants goblins partout… Mais Ultima,ça, c’était autre chose. Il fallait parler avec le monde dans les villes! Pour apprendre où trouver des trésors cachés, des quêtes spéciales, apprendre des nouvelles habiletés, pour progresser quoi. J’en ai passé des centaines d’heures à me promener dans le monde de Sosaria, de ville en ville, des profonds donjons jusqu’aux hautes chaines montagneuses.

Et c’était l’époque où les jeux d’ordinateurs pouvaient encore être l’œuvre d’un seul programmeur, persévérant, acharné, imaginatif. Richard Garriott étaient de ceux-là. Fondateur de Origin Systems, il m’a fait rêver de devenir moi-même un programmeur de jeux. Sur mon petit Commodore 64, je me suis atteler à connaître les tréfonds du langage machine du CPU 6510 de Motorola. Mais le temps d’apprendre, à faire des progrès voilà qu’est sorti à peine un an plus tard le suivant de la série, Ultima IV : Quest of the Avatar.

Ultima IV: Quest of Avatar
http://www.youtube.com/watch?v=psk3IG0N7T4


Huh? Deux fois plus de graphique, un territoire quatre fois plus grand à explorer. De plus, il ne suffit plus de juste faire des combats et des quêtes pour progresser, il faut devenir parfait en tout. Bien sûr en courage, valeur mais aussi dans le domaine moral. La justice, la compassion, l’humilité, l’honnêteté. Juste une grosse épée, des gros bras et une petite tête ne suffiront pas pour progresser dans ce jeu contrairement à certains jeux concurrents. Wow! J’ai du plaisir sur la planche! Des croutes à manger en programmation aussi pour réussir à accoter ça. C'est comme courir pour rejoindre l'horizon...

Ultima V: Warriors of Destiny
http://www.youtube.com/watch?v=xdfyFypMQwg


Ultima V : Warriors of Destiny. Trois ans s’écoulent. Ben voyons donc! C’est donc bien grand! Maintenant les villes sont à la même échelle que le continent, plus de zoom/entrée, on entre de plain pied sans transition. Même les mondes souterrains sont aussi grands que les continents extérieurs. Et ce n’est rien! Les NPC, petits personnages du jeu, ont maintenant une vie, i.e. ils ont des métiers et se promène dans la ville selon des horaires qui leurs sont propres à chacun. Plus question d’aller acheter une épée à 3h du matin (temps de jeu évidemment, parce que j’en ai acheté plein des épées à 3h du matin temps réel ;-). Bien sûr, c’est encore super stimulant comme défi de programmeur mais aussi décourageant. C’est fini. Le temps des jeux mono-programmeurs c’est fini et bien fini. Un seul individu ne peut plus rivaliser avec des équipes de concepteurs, de scénaristes, musiciens, d’artistes. Les programmeurs ne sont plus que des employés quelconques dans ce nouveau monde des grandes compagnies de jeux.

On le voit d’ailleurs ce que la puissance d’une équipe peuvent faire. Il avait fallu trois ans entre Ultima IV et V. Mais moins de quatre ans pour 6 autres moutures et saveurs de la série Ultima, dont un Ultima Underground : The Stagian Abyss, entièrement à trois dimensions à la première personne. C’est aussi à cette époque que Richard Garriott vend sa compagnie Origin Systems à Electronic Arts. Eh oui! Même les petites compagnies ne peuvent plus rivalisé avec les grandes.
Ultima VI, VII, VIII, IX, X, le monde Richard s’est agrandi à chaque fois dans des proportions qui peut rivaliser avec la loi de Moore jusqu’à devenir MMORPG, jeux de rôle en ligne massivement multi-joueur, dans sa dernière mouture Ultima Online.

Ultima Online
http://www.youtube.com/watch?v=rBeA6JHkV1I


Le succès de toute cette aventure Ultima a dû être assez profitable. Assez en tout cas pour que Richard Garriott devienne cette année le sixième touriste spatial à se rendre sur la station spatiale internationale. À 30 millions de dollars américains de droit de passage…

Richard Garriot Launch
http://www.youtube.com/watch?v=uQ3H-ATogTw


Eh oui! Le 12 octobre dernier, Richard s’est élancé à bord d’une fusée Soyouz d’une base du Kazakhstan et est revenu le 24 octobre en compagnie de Sergey Aleksandrovich Volkov, le premier astronaute de deuxième génération, son père étant le cosmonaute Alexander Volkov. Richard Garriott, lui-même, est le fils de Owen K. Garriott, astronaute qui a volé dans le SkyLab et la navette spatiale.

J’ai maintenant 47 ans. J’avais moi aussi des rêves de devenir astronaute en voyant Neil Armstrong posé le pied sur la lune.

Je déprime un peu… Comment veux-tu que je puisse accoter ça maintenant? C’est trop injuste!

Un instant… Est-ce qu’il reste de la place pour le prochain voyage d’exploration vers Mars? Richard, tu souviens de moi? J’ai acheté tous tes jeux! J’ai participé au financement de tes vacances spatiales. Tu penses-tu que t’aurais une petite place pour moi?...

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