jeudi 16 avril 2009

Au-delà des simples causes

Si on prenait le temps, des fois, on se rendrait compte qu’il ne suffit pas toujours d’appliquer la première solution qu’on trouve pour régler les problèmes de tous les jours.

Un soir, cet hiver, alors que je sortais du bureau, j’ai glissé et je me suis retrouvé par terre. Que voulez-vous? Une ampoule était grillée et je n’avais pu voir où je mettais les pieds, causant ma chute.

Solution? Simple, remplacer l’ampoule ou partir du travail plus tôt à la faveur de la lumière du jour.

Ok, ok, je ne peux quand même pas finir de travailler à 15h durant l’hiver juste pour ne pas trébucher quand je marche. Mon patron n’aimerais pas ça. C’est plus simple de changer l’ampoule…

N’importe qui d’autre ne chercherait pas d’autres solutions n’est-ce pas? Après tout, changer l’ampoule m’aurait permis de voir le rond de glace sur le trottoir; c’est bien suffisant.

Attendez! Le problème n’est pas l’absence de lumière mais le rond de glace! Aha! Je devrais mettre des bottes avec des crampons à la place. Même sans lumière je ne trébucherais pas. Bien mieux non? Après tout c’est l’hiver non?

Non. mieux! Je vais mettre du sel dans l’entrée devant la porte. Fini la glace! Sauf que ce midi il n’y avait pas de glace, il me semble… Alors que je regardais la flaque d’eau un midi j’ai soudain un froid dans le dos. Ben voyons! J’ai la tête et le dos mouillé? Je regarde en l’air. Tiens il y a des gouttes d’eau qui tombent du surplomb au dessus de la porte. Voilà donc la source de ce qui cause la flaque d’eau qui gèle aussitôt le soir venu.

On pourrait bien installer une gouttière. Ça, ça commence à ressembler à une solution un peu plus permanente. Quelque chose de sérieux enfin! Y a de quoi être fier de soi! Après tout, il y en a qui se contenterait simplement de mettre du sel, jour après jour, devant la porte.

Un instant… j’y pense… Comment ça se fait que la neige sur le surplomb fond comme ça si vite même si la température n’a pas dépassé le point de congélation depuis des jours?

Dans mon métier, la programmation, je passe mes journées à réfléchir à la cause des choses. Parce que je suis loin d’être parfait et que les solutions que j’imagine sont, ou imparfaite, ou incomplète, des problèmes, des “bugs” surviennent de temps à autre dans les programmes que j’écris. Et les symptômes de ces bugs sont quelques fois loin d’être évident. Une validation défaillante, une configuration incomplète et booum! trois mois plus tard, une combinaison d’actions non prévues effectuées par un utilisateur se transforme en bizarrerie, un dysfonctionnement ou carrément un plantage en règle. Ça prend un persévérance particulière pour ne pas s’arrêter au sens littéral d’un message d’erreur et de creuser pour trouver la cause première. Sinon on ne fait que masquer le problème, voire pelleter en avant. Sinon, quand on s’y en attendra plus, le problème va resurgir de plus belle. “Coudonc? On l’avait pas réglé ce problème là?” D’où la nécessité d’exercer sa capacité à se poser des questions, d’aller au-delà des simples causes, de faire des rapprochements pas évident.

Dans mon bureau, il y a un thermostat. Vous savez? Un petit appareil qui régule le fonctionnement d’une chaufferette grâce à un capteur qui mesure la température ambiante. Or il semble que, suite à des changements de position d’un mur, consécutif à la succession de locataire, chacun réaménageant les divisions, le thermostat se soit retrouvé du mauvais côté du mur, c’est à dire que les chaufferettes ne sont pas dans la même pièce que le thermostat. Comme le thermostat est dans une pièce où un grande fenêtre laisse entrer le soleil. Pour compenser, la climatisation refroidi cette pièce (un autre senseur contrôle la circulation d’air). Or le thermostat réagit à ces baisses de température et contrebalance. Enfin, c’est ce qu’il croit et la température augmente dans l’autre pièce. Ce combat entre climatisation et chauffage, par pièce interposée a un “tout petit” inconvénient… Il surchauffe le mur donnant sur l’extérieur et l’isolation étant déficient la chaleur va vers l’extérieur… Devinez où? Le surplomb au dessus de la porte d’entrée (nous sommes au deuxième étage), faisant ainsi fondre la neige les jours de grand soleil sous zéro! Certains jours, les gouttes forment même un stalagmite de glace devant la porte. Ça empêche la porte de se fermer correctement, laissant encore plus de chaleur sortir. Boucle rétroactive positive…

Hé hé!

Je suis fort à ce jeu là.

Toute cette dépense d’énergie inutile, ce n’est pas bon pour l’environnement. On est tellement gourmand en énergie. Oh, je n’irai pas jusqu’à dire que mon petit thermostat est la cause de notre dépendance au pétrole et de la guerre en Irak…

Quoique…

Ça énerve surement le propriétaire d’avoir à subir des hausses de coût en matière de chauffage de la bâtisse. Lui, en terme de solution n’a pas dépassé le niveau “grosse poignée de sel chaque jour devant la porte”. Pas étonnant qu’il veuille augmenter le loyer, que mon patron refuse l’augmentation, qu’il veuille déménager et que j’aie à me trouver un jour un autre appartement.

Pourtant, un petit coup de tournevis… Hop! Le thermostat pourrait se retrouver de l’autre côté du mur… Ça couterait… rien… rien pantoute!

Ce sont parfois la somme de toutes nos petites négligences qui noircissent nos horizons.

Heureusement! Il y a des gens qui ont le regard qui porte plus loin que d’autres….

Ouais! Je suis vraiment fort à ce jeu là…

 

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