dimanche 7 juin 2009

Hâvre de paix

Ce n'est pas tous les jours que ça arrive mais, quand ça arrive, je dois dire que c'est rafraichissant. Samedi, je faisais de commission et j'attendais l'autobus. Il est midi trente, l'autobus 177 arrive à l'arrêt, la porte s'ouvre. Le chauffeur se tourne sur son siège et nous dit: Bonjour mesdames et messieurs, bienvenue dans ce hâvre de paix!

Wow!

Ça change de l'intense indifférence qu'on rencontre d'habitude. C'est vrai que ce détachement est une protection nécessaire contre toutes ces aggressions quotidiennes que ces chauffeurs vivent. La masse des usagers, le stress de la vie aidant, ne sont pas toujours polis. Après avoir attendu plus que leur quota de patience sur un coin de rue, dans le froid et la pluie, après s'être fait éclaboussé par les automobilistes peu soucieux des pédestres, les voyageurs ont souvent l'humeur acéré.

Pourtant ça ne coûte rien. Un chauffeur aux tempes grises et à la moustache rieuse (style capitaine Bonhomme) a décidé ce jour là de faire une différence et de désamorcer toutes tensions. Parce que lui a compris une chose: il transporte des gens. Alors que d'autres respectent des horaires d'autobus, lui, il transporte des gens.

La différence est subtile mais quand on comprend ça on n'est moins à en clin à bouillir d'incompréhension devant certains comportements des chauffeurs. Plus tard dans un autre autobus, la 64, une chauffeuse s'arrête à 50 mètres de l'arrêt-terminus coin Grenet et de Serre. Une vieille dame bougonne: à croire que c'est à qui s'arrêtera le plus loin de l'arrêt. La chauffeuse, elle, respecte des horaires. Elle ne repart que dans 15 minutes et elle se met donc en retrait. Tant pis si les usagers doivent marcher pour se rendre à leur transfert. Pendant ce temps, l'autre autobus, la 69, décolle et n'attend pas que les passagers de la 64 qui viennent de descendre. Encore là, le chauffeur de la 69 respecte les horaires. Tant pis si les passagers doivent attendre 15 minutes pour la suivante. Les transferts entre autobus ne sont pas de sa jurisdiction. C'est écrit dans le règlement: les passagers doivent être à l'arrêt 2 minutes avant.

Ce n'est pas la faute des chauffeurs, pris individuellement. Ce sont les règles de la Société de Transport de Montréal qui sont stricte. Après tout au nombre d'autobus, de trajets, de services qu'elle doit coordonner, ça prend des règles. Et il y a des syndicats de chauffeurs. Tout ce beau monde en ont plein les bras.

Heureusement, il y a encore quelques humains qui conduisent les autobus et qui se rappelle qu'ils transportent des gens. Ils attendent pour les transferts, ils signalent l'arrivée à destinations pour ceux qui ont exprimer le besoin de savoir quand ils seront rendu, qui disent bonjour.

J'ai d'ailleurs toujours un petit sourire pour mon chauffeur préféré. Vous savez? Celui qui annonce le nom des arrêts avec sa voix de ténor chantante. A-caaaadiiiiiiiiii-ie!

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