lundi 24 novembre 2008

Aller au salon pour tout trouver et sortir avec un petit rien

Que cela serait bien si dans la vie il n’y avait pas de limite de temps ou d’argent…

Aller au salon du livre est l’une des perles de moment de bonheur pour moi. En même temps, l’un des temps où j’ai à me confronter avec mes limites.

Je suis un visiteur plus que régulier des librairies. J’aime, que dis-je, j’adore être dans un lieu entouré de livres. J’en lis pas mal, j’en achète pas mal. Je n’arrive à peu près jamais à sortir de la librairie sans avoir acheté un livre, même quand j’avais prévu ne rien acheter. Il y a toujours un livre qui m’appelle, voire m’interpelle.

Je vous entends.

Non, ce n’est pas toujours un livre d’informatique. C’est même souvent le contraire, les livres informatiques, à moins d’être en relation directe avec un projet en cours, sont souvent empreint d’un trop haut taux d’obsolescence accélérée. Si c’est imprimé, c’est souvent qu’il est déjà trop tard pour apprendre ce langage, cette technique, cette technologie. C’est la nature de la bête.

Remarquez que j’en ai déjà acheté beaucoup, dans un souci de rattrapage technologique quand je suis retourné aux études il y a dix ans (déjà?!?)

Maintenant je m’intéresse plus à ce qui nourrit mes réflexions et ma compréhension du monde. Des ouvrages scientifiques, philosophiques, historiques, religieux. J’ai aussi un faible pour tout ce qui a trait à la langue française, l’étymologie, création littéraire, structuration d’un récit.

Alors, quand j’entre au salon du livre… et bien, une tonne de chocolat ne me fera pas le moindre effet à côté. Je suis excité et déprimé à la fois. Comme Ali Baba à l’ouverture de sa caverne avec juste un petit sac à la main, j’entrevois l’immensité du trésor mais aussi la limite de mes moyens. Dussè-je vivre encore 100 ans, je ne pourrai lire tout ça. Comme Hubert Reeves, je n’aurai pas le temps… C’est une frustration sans nom. Même si j’avais l’argent, je n’ai aucun espoir de satisfaire ma curiosité. J’envie un peu les penseurs de la renaissance. De Léonard De Vinci à Newton, tous les savoirs de leur époque étaient encore à la portée d’un seul homme.

En même temps que je me console sur l’évidence de ne pas pouvoir en faire le tour, je vois des livres intitulés : Les mille livres qu’il faut avoir lus. Je deviens alors dubitatif. Je ne sais s’il s’agit du meilleur conseil qu’un ami peut nous faire ou s’il s’agit d’une insulte à mon intelligence. Je m’explique. Il est toujours précieux de recevoir de ceux qui ont parcouru le chemin devant soi avant nous d’avoir une sorte de synthèse qui nous sauve du temps, d’arriver à l’essentiel. En même temps j’ai peur que cela conduise à une sorte de culte de la pensée unique. Un peu comme la critique de Montaigne en son temps. A toujours répéter les idées des autres on en vient à croire qu’on réfléchit. Quelle réflexion restera-t-il si l’on en vient tous à lire les même mille livres?

N’est-ce pas là justement cela garder l’esprit ouvert, qu’en même temps accueillir la guidance de ses pairs et refuser les conclusions qui les accompagnent en a priori puis se forger les siennes propres par un dialogue incessant, allant ainsi au hasard des cheminements vers des découvertes insoupçonnées par les uns ou les autres?

Finalement? Avec quoi suis-je sorti du salon?

Trois petits livres. D'abord, deux recueils de poésie: Tout va rien, suivi de Le piéton immobile, de José Acquelin et aussi Mille pas dans le jardin font aussi le tour du monde, de Michel Van Schendel, tout deux de chez L’Hexagone.
Puis aussi, un roman, Le mystérieux voyage de Rien, d’Antonine Maillet, de chez Actes sud, qui m’a attiré comme un aimant. Probablement à cause du petit texte que j’ai moi-même commit il y peu de temps...

Surpris?

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